Il y a quatre ans, les élections cambodgiennes avaient été marquées par des émeutes meurtières. Les fabricants de vêtements protestaient contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail. Depuis lors, l'économie s'est considérablement développée, mais des conditions de travail de ces fabricants de vêtements ont-elles changé?
Sourires et selfies pendant la visite du Premier ministre du Cambodge, Hun Sen, dans une usine de vêtements, située dans la province de Takeo. À l'approche des élections générales, le parti du peuple cambodgien, le parti au pouvoir, s'intéresse à ces travailleurs, qui plus que quiconque, maintiennent l'économie cambodgienne à flot. Les industries du vêtement et de la chaussure emploient plus d'un demi million de personnes, et génèrent près de sept milliards de dollars, soit 70% du PIB. Mais ce n'est pas pour cette raison que les politiciens sont ici. Ce secteur est notoire pour sa précarité, ses longs horaires, ses conditions dangereuses et ses salaires bien en deçà de ce que l'on peut qualifier de salaire de subsistance. Les syndicats ont d'ailleurs réussi à faire passer le salaire minimum de 90 à 170 dollars par mois, mais ce n'est toujours pas suffisant.

"Les travailleurs veulent voir leur salaire augmenter, ils veulent avoir des droits. Les travailleurs ne veulent pas devenir riches, ils veulent juste de l'argent pour leur survie", a dit Ath Thorn, président de la coalition des fabricants de vêtements du Cambodge.

Avant les dernières élections, les travailleurs s'étaient révoltés, et réclamaient des meilleures conditions de travail. Plusieurs manifestants avaient été tués par la police qui avait tiré à balles réelles, après quoi, le salaire minimum avait été relevé. La capitale Phnom Penh a connu une réelle transformation, notamment grâce aux investissements qui ont coulé à flot, mais semblent diminuer aujourd'hui.
Le fabricant de vêtements Sour Chhon et sa femme Hoeun Rady, qui a une étal de légumes, arrivent à peine à se procurer les produits de base. Ils vivent dans une toute petite pièce avec Mony, leur fils de cinq ans. Sour Chhon travaille six jours par semaine, sans oublier les heures supplémentaires qu'il effectue, mais après avoir payé son loyer et pourvu à leurs dépenses courantes, ils ne leur restent presque plus rien.

"Je suis tellement fatigué. Ils me crient dessus tous les jours. Parfois, je voulais vraiment quitter mon emploi, mais si je démissionnais, j'aurai des problèmes pour soutenir ma famille", a manifesté Sour Chhon, fabricant de vêtements.

Tout le monde dans le quartier pense plus ou moins la même chose. Ils arrivent à peine à survire, ils ne peuvent pas se permettre de tomber malade, ni d'envoyer leurs enfants à l'école, ni de prendre des jours de repos. Mais quelque part dans le pays, quelqu'un est en train de s'enrichir, mais pas ici.