Note de l'éditeur: James Rae est chercheur invité à l'Université des études étrangères de Beijing. L'article reflète l'opinion de l'auteur et pas nécessairement l'opinion de CGTN.
Le commerce entre la Chine et l'Afrique a probablement commencé il y a près de 2 000 ans. Au 15ème siècle, l'expédition exploratoire dans la Corne de l'Afrique conduite par l'amiral chinois Zheng He témoigne déjà d'un respect mutuel et d'un intérêt réciproque entre la Chine et les divers pays africains, établis de longue date.
Ces liens se sont renforcés dans les années 1960 par le biais d'une coopération intense entre de nouveaux dirigeants opposés à l'impérialisme et soutenant des principes socialistes et des politiques étrangères non interventionnistes.
Au cours des deux dernières décennies, ces relations ont été redynamisées grâce aux liens institutionnels établis dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), dont l'édition 2018 s'est tenue les 3 et 4 septembre à Beijing. Désormais, presque tous les pays africains sont membres du FCSA et la place de la Chine dans les relations internationales de l’Afrique est devenue primordiale pour les aspirations au développement dans la région.

Aujourd'hui, la Chine est le plus grand partenaire commercial du continent africain, après avoir dépassé les États-Unis en 2009. La Chine est également le pays qui augmente le plus rapidement les investissements étrangers directs en Afrique, devenant ainsi le pays étranger qui contribue le plus à la création d'emplois en Afrique.
La Chine est également le plus grand créancier de l'Afrique, garantissant d'énormes plates-formes de développement de ses infrastructures, principalement grâce à l'initiative Ceinture et Route et à d'autres efforts bilatéraux.
L'accent est donc mis sur l'amélioration de l'exploitation des produits de base de manière à fournir aux gouvernements africains des revenus supplémentaires et aider à sécuriser les ressources naturelles pour la vaste économie chinoise, tout en fournissant des produits manufacturés aux consommateurs africains de plus en plus nombreux.
L'engagement de toutes les parties à promouvoir la coopération par le biais du FCSA a créé une interdépendance plus profonde entre l'Afrique et la Chine, dépassant non seulement le rôle des États-Unis en Afrique, mais aussi celui des États européens historiquement influents, et ce malgré leur relative proximité géographique.
Souvent exclue des discussions sur les relations internationales en raison de la taille limitée de leur développement et de l'absence de grandes puissances continentales, l'Afrique est néanmoins culturellement, historiquement et politiquement incontournable en ce qui concerne toutes les tendances émergentes dans les affaires mondiales.

Plus que d'autres, la Chine applique cette reconnaissance en favorisant des relations bilatérales harmonieuses avec tous les pays africains avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques, en encourageant la gouvernance régionale et le multilatéralisme et en aidant l'Union africaine elle-même et via des partenariats établis au sein du FCSA.
Les dirigeants chinois rétablissent même les liens entre les personnes et les partis, par exemple en soutenant la création de l'école de Leadership Julius Nyerere en Tanzanie.
Bien sûr, l'engagement de la Chine en Afrique du Sud par le biais des pays du groupe BRICS et d'autres pays par le biais du G20, démontre également sa volonté d'aider à renforcer le profil diplomatique et économique du continent.
Certes, les dirigeants africains resteront attentifs à ne pas devenir trop dépendants des prêts chinois et, bien sûr, la nature du commerce est encore loin de la parité puisque les exportations africaines concernent principalement des produits de base.
Ces défis ont été abordés au fil des ans au sein du FCSA et, alors que dans le même temps les échanges entre les États-Unis et l'Afrique ont été réduits de moitié en raison de la priorité de Washington accordée à d'autres régions du monde, les dirigeants chinois travaillent dur pour instaurer la confiance et le respect mutuel.

Désormais, les pays occidentaux mettent en garde contre la présence de la Chine en Afrique et soupçonnent des motivations égoïstes. Or, bien qu'une grande partie de la relation actuelle soit simplement transactionnelle, cette suspicion ne correspond pas à la réalité : d'énormes progrès sont réalisés dans les domaines de l'éducation, des échanges sociaux et des échanges culturels.
La compréhension mutuelle s'améliore continuellement et le dialogue est la méthode privilégiée pour améliorer les liens. Les flottes commerciales de la Chine naviguent à nouveau vers l'Afrique, apportant des produits et créant des opportunités.
Durant le demi-millénaire suivant les expéditions de Zheng He, l'Afrique a connu le colonialisme sauvage, les ravages de l'esclavage, l'exploitation économique et la dégradation culturelle causés par l'impérialisme européen. Ironiquement, ces pays essaient de juger les autres sans assumer leur responsabilité de cette oppression historique.
Les dirigeants africains et les consommateurs ordinaires ont clairement fait savoir qu'ils apprécient l'attention de la Chine, se félicitent de nouveaux liens tissés lors de ce Sommet de septembre 2018 à Beijing et croient en un avenir qui accorderait aux États africains une place dans la résolution des problèmes mondiaux.
(Photos : VCG)