À l'occasion des Deux Sessions, Télesphore IRAMBONA, ambassadeur du Burundi en Chine, a accordé une interview écrite à CGTN Français sur de nombreux sujets tels que la résilience économique de la Chine, la démocratie populaire intégrale, les forces productives agricoles de nouvelle qualité, la reconnaissance mutuelle des « opérateurs économiques agréés » (OEA) entre les douanes chinoises et burundaises et les échanges culturels sino-africains. Selon lui, la résilience de l'économie chinoise aura un impact positif sur l'économie du monde. La Chine et le Burundi renforceront la coopération agricole, culturelle, économique et commerciale. Le Burundi travaillera avec la Chine pour mettre en œuvre la modernisation, la mécanisation de l'agriculture et l'agriculture intelligente pour accroître la production alimentaire. La reconnaissance mutuelle des « opérateurs économiques agréés » (OEA) entre les douanes chinoises et burundaises revêt une importance capitale pour le développement de la coopération économique et commerciale entre les deux pays. Les échanges culturels jouent un rôle primordial dans le renforcement des relations entre les peuples chinois et africains en général et entre les peuples chinois et burundais en particulier.

1. La troisième session du 14e Comité national de la Conférence consultative politique du Peuple chinois (CCPPC) et la troisième session de la 14e Assemblée populaire nationale (APN) se tiennent début mars 2025. L'année 2025 marque l'achèvement du 14e plan quinquennal et constitue une année importante pour approfondir davantage les réformes chinoises. Comment percevez-vous la résilience de l'économie chinoise face aux incertitudes mondiales actuelles et son impact sur la reprise économique mondiale ?
Plusieurs facteurs expliquent la résilience de l'économie chinoise. D'abord, la poursuite de la politique économique de réforme et d'ouverture qui permet aux acteurs importants de l'économie chinoise, comme les entreprises chinoises, de produire pour le vaste marché intérieur de la Chine, mais aussi d'accéder au marché extérieur important, et aux investisseurs étrangers d'apporter davantage leurs capitaux sur le marché chinois. Cette politique de réforme et d'ouverture traduit le pragmatisme chinois de travailler avec tous les pays du monde, quelles que soient leurs tailles et leurs positions géographiques.
Ensuite, c'est la capacité innovatrice et technologique des acteurs de l'économie chinoise. La Chine réalise des progrès remarquables grâce à l'utilisation de forces productives de nouvelle qualité, les technologies de pointe, l'intelligence artificielle, la robotique, et d'autres techniques, méthodes et pratiques modernes.
Le troisième facteur, c'est l'ingéniosité et le travail assidu du peuple chinois. Les Chinois travaillent beaucoup, ils sont assidus au travail et démontrent une grande ingéniosité si l'on considère les œuvres grandioses qu'ils réalisent.
Un autre facteur important, c'est la préservation des valeurs culturelles chinoises qui épargnent une grande partie de leurs revenus pour être réinvestis dans la production, les valeurs de l'intégrité et de la lutte contre la corruption des serviteurs publics. La campagne menée par le Parti communiste chinois guidé par le Président de la République Son Excellence Xi Jinping porte ses fruits. Les ressources allouées aux programmes de développement sont bien gérées et cela a une incidence positive sur l'économie chinoise. Ceux qui se méconduisent, quel que soit leur rang, sont exemplairement sanctionnés. La résilience de l'économie chinoise repose essentiellement sur ces facteurs.
La résilience de l'économie chinoise aura un impact positif sur l'économie du monde. L'économie chinoise est devenue le moteur de l'économie mondiale.
2. Les Deux Sessions constituent une fenêtre importante pour observer la démocratie populaire intégrale en Chine. Comment interprétez-vous ce concept ?
Les Deux Sessions réunissent chaque année l'Assemblée populaire nationale (APN) et le Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC).
La démocratie populaire intégrale observée lors des Deux Sessions, c'est une démocratie qui offre l'opportunité à toutes les couches de la société de participer à travers des consultations sur tous les aspects de la vie nationale. Ainsi, cette forme de gouvernance donne à tout le peuple l'occasion de contribuer à la prise de décision par le biais de leurs représentants lors des Deux Sessions.
3. Les autorités chinoises ont rendu public le "document central No 1" pour 2025. Ce document fixe les principales orientations à prendre pour renforcer la revitalisation rurale dans le pays. Une fois de plus, un signal fort a été envoyé pour souligner l'importance accordée par le gouvernement chinois à l'agriculture. Le document de cette année déploie « le développement des forces productives agricoles de nouvelle qualité en accord avec les conditions locales ». Quelle est votre opinion à ce sujet ? Selon vous, quels sont les succès de l'expérience chinoise dans le développement des forces productives de nouvelle qualité, et comment ces expériences pourraient-elles être mises en œuvre dans le développement économique du Burundi ?
Le développement des forces productives agricoles de nouvelle qualité en accord avec les conditions locales signifie l'usage de moyens et de méthodes modernes ainsi que de pratiques agricoles qui permettent d'accroître la productivité, mais que ces pratiques doivent être accessibles et adaptées à l'environnement, à l'endroit et aux peuples qui les utilisent.
C'est un concept qui cadre bien avec les orientations et le plan national de développement du Burundi (2018-2027) ainsi que la vision du Burundi émergent en 2040 et développé en 2060.
Ces deux documents priorisent avant tout la modernisation de l'agriculture en abandonnant l'usage des pratiques agricoles traditionnelles à faible rendement.
La modernisation, la mécanisation de l'agriculture et l'agriculture intelligente (smart agriculture) sont des moyens que le Burundi, en collaboration avec des partenaires tels que la Chine, compte mettre en œuvre pour accroître la production alimentaire afin que chaque citoyen puisse trouver une alimentation suffisante et de bonne qualité tout en favorisant sa prospérité économique.
Ce dernier objectif se réalisera quand les fermiers du Burundi produiront des quantités de denrées agro-pastorales suffisantes pour leur propre consommation et des excédents à vendre sur le marché local et à exporter à l'international.
4. À partir du 1er mars, la reconnaissance mutuelle des « opérateurs économiques agréés » (OEA) entre les douanes chinoises et burundaises a été officiellement mise en œuvre. Le Burundi est devenu le troisième pays africain, après l'Ouganda et l'Afrique du Sud, à établir cette reconnaissance mutuelle avec la Chine. Grâce à cette mise en œuvre, les entreprises OEA des deux pays bénéficieront de plusieurs mesures facilitant leurs échanges, notamment des taux d'inspection plus faibles pour les marchandises importées, une priorité accordée aux inspections physiques requises et la désignation d'agents de liaison douaniers chargés de communiquer et de gérer les éventuels problèmes rencontrés lors du dédouanement. Selon vous, quelle importance cette initiative revêt-elle pour le développement de la coopération économique et commerciale bilatérale ?
Cette initiative revêt une importance capitale pour le développement de la coopération économique et commerciale entre le Burundi et la Chine en ce moment où les deux parties mettent un accent particulier sur le renforcement de cette coopération et cherchent à augmenter le volume des échanges entre les deux pays et à établir progressivement un certain équilibre dans la balance commerciale.
Grâce à cette initiative, les entreprises burundaises qui ne sont pas encore aussi compétitives que les entreprises chinoises bénéficieront de facilités pour faire entrer leurs produits en Chine tandis que les entreprises chinoises pourront accroître le volume et la fréquence de leurs affaires au Burundi. Cette collaboration plus étroite parmi les administrations douanières des deux pays dans le cadre de la reconnaissance mutuelle permettra d'accélérer et de faciliter le mouvement des marchandises dans les deux sens.
En plus, cette initiative facilitera la mise en place des normes communes qui seront d'une grande utilité pour l'évaluation en matière de sécurité et du partage de meilleures pratiques en vue d'harmoniser les programmes respectifs des OEA et bien d'autres domaines comme l'échange de données sur les valeurs des marchandises pour l'évaluation en douane, les débouchés pour les produits d'exportations du Burundi sur le marché chinois, etc.
5. Dans les nouvelles circonstances, les pays du « Sud global » doivent renforcer leur solidarité et approfondir leur coopération, construire ensemble une communauté de destin pour le « Sud global » et apporter une nouvelle contribution à la promotion de la construction d'une communauté de destin pour l'humanité. Le « Sud global » joue un rôle moteur dans la promotion des échanges et de l'enrichissement mutuel entre les civilisations. La Chine et les pays africains possèdent tous un patrimoine culturel riche et diversifié. Selon vous, quelle est l'importance des échanges culturels sino-africains dans le cadre actuel de la mondialisation ? Quel rôle ces échanges jouent-ils dans le renforcement des relations sino-burundaises ainsi que dans la promotion de la compréhension et de l'amitié entre les peuples des deux pays ?
Les échanges culturels jouent un rôle primordial dans le renforcement des relations entre les peuples chinois et africains en général et entre les peuples chinois et burundais en particulier. C'est à travers les échanges culturels que s'approfondissent la compréhension mutuelle et s'établissent de fortes connections entre des personnes de diverses nationalités s'exprimant à travers leurs cultures, leurs langues, leurs chants et danses, l'art de s'habiller, de créer de la beauté et d'embellir la nature. Les échanges culturels font ressortir les traits communs des êtres humains, dissipent les peurs entre les personnes et renforcent le désir d’approfondir et d'élargir la coopération.
Le nombre croissant de Burundais parlant la langue chinoise et de Chinois s'intéressant à la culture burundaise ainsi que le renforcement des relations dans des domaines variés en sont une illustration.
C'est aussi par les échanges culturels que les pays du Sud global montrent leurs capacités, leur créativité qui datent de très longtemps, depuis plusieurs générations. Le Sud global montre ce qu'il a de meilleurs à exporter dans d'autres milieux du monde. C'est aussi l'occasion d'apporter sa contribution dans ce processus de mondialisation, de préserver son identité pour ne pas se perdre dans d'autres cultures ou disparaître en devenant complètement dominé par les cultures occidentales, des cultures qui ne cadrent pas parfois avec nos valeurs familiales et communautaires, de partage et des façons différentes d'expressions de sentiments.